Denis Opinel dirige... Opinel depuis 1998 !

Interview

Quel(s) souvenir(s) conservez-vous de votre accession à la direction de cette entreprise en 1998 ?
Denis Opinel : « En 1998, j’ai été nommé directeur général ; mon père Maurice Opinel était le président. J’ai toujours travaillé dans l’entreprise ; l’accession à ces responsabilités était une suite logique. »

Comment conciliez-vous mondialisation et patrimoine ?
O. : « Notre entreprise est ancrée dans le territoire français et savoyard, notre couteau de poche fait partie de l’histoire de ce pays et en est devenu un symbole culturel ; il fait partie du patrimoine. C’est une force lorsqu’on le vend à l’autre bout du monde : avoir une histoire à raconter, des racines à mettre en avant, c’est un vrai atout ! Cela fonctionne puisque nous réalisons près de 50% de notre chiffre à l’export. »

Qu’est-ce que ça fait de porter un nom qui figure dans le dictionnaire ?
O. : « Opinel est présent dans le dictionnaire dans la partie noms communs en tant que marque déposée, et ce depuis 1989 dans le Larousse. C’est une fierté pour l’ensemble de l’entreprise, c’est la preuve d’une grande notoriété, d’une grande popularité. »

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en 1998 ?
O. : « Nous avions mis au point une collection évènement, sous licence, à l’occasion de la Coupe du monde de foot en France. Mais, finalement, la licence a été annulée, et la collection n’a pas pu être commercialisée. Cela a été beaucoup d’énergie dépensée pour rien, mais au moins, cela nous a appris à mieux appréhender toutes les facettes de ce type de collaboration. »

Depuis 1998 ?
O. : « Le bel essor de la marque depuis une dizaine d’années. Nous avons triplé le chiffre d’affaires, avons ouvert de nouveaux types de magasins, lancé de nouvelles collections : couteaux de cuisine et de table, couteaux et outils pour le jardin, pour le sport, collection enfant… ! »

Et avant 1998 ?
O. : « Pour les jeux d’Albertville en 1992, nous avons lancé une formidable collection évènement avec le nom de toutes les stations participantes. Les couteaux au manche blanc et à virole rouge ont été formidablement accueillis. Un vrai succès et une belle mise en avant internationale pour notre marque. On nous en parle encore ! »

Comment envisagez-vous l’avenir ?
O. : « Sereinement. Notre entreprise familiale a comme valeur première la pé-ren-ni-té ! Nous souhaitons continuer à nous développer dans le respect de nos racines, de notre savoir-faire et de nos salariés. »

Dirigez-vous une entreprise « comme les autres » ?
O. : « Opinel est une entreprise de taille réduite (115 salariés, CA de 22 M€) mais avec une notoriété de géant ! C’est un décalage toujours surprenant pour les personnes extérieures à l’entreprise. Notre notoriété nous ouvre des portes mais nous devons avancer avec nos moyens. »

Vous dirigez cette entreprise depuis vingt ans ; où et comment la voyez-vous dans vingt ans ?
O. : « Notre entreprise sera toujours en Savoie ; nous sommes très attachés à notre territoire. Nous investissons chaque année sur notre site industriel, ici à Chambéry – nouveaux bâtiments, nouvelles machines de meulage, d’assemblage… Mais notre marque sera plus puissante à l’export. Nous posons aujourd’hui les jalons pour augmenter nos ventes à l’étranger. Nous avons ainsi ouvert en 2016 notre filiale aux Etats-Unis, à Chicago. Cela nous ouvre de belles perspectives ! »

Avez-vous déjà eu la tentation de la délocalisation ?
O. : « Non. »

Vous sentez-vous plus… Savoyard que Français ?
O. : « Ce n’est pas une question que je me pose. Les deux ! »

Comment réagissent les gens lorsque vous déclinez votre identité ?
O. : « Certains percutent, d’autres non. Mais souvent les gens ont une anecdote très personnelle à me raconter. Opinel est une marque affective, on la porte dans son cœur : « Mon grand-père en avait toujours un dans la poche », ou encore « Quand j’étais gamin, je fabriquais des arcs en bois de noisetier avec mon opinel » et caetera… C’est une clé pour ouvrir les bons souvenirs ! »


Couverture Almanach du père Benoit
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