Octobre 1948
Ce lundi 4 octobre 1948 ne sera pas un jour comme un autre dans les mines encore en exploitation, en France en général (Lorraine, Nord) et dans le bassin stéphanois en particulier. Ils sont 300 000 dans le pays et 22 000 à Saint-Étienne, à La Ricamarie, au Chambon-Feugerolles, à Rive-de-Gier, à La Talaudière… à refuser de travailler. Un an après avoir connu une série de grèves qui ont débuté fin avril à la régie Renault de Boulogne-Billancourt – et qui ont été renforcées par l’exclusion, en mai, des ministres communistes du gouvernement de Paul Ramadier, inclinant le Parti communiste français (PCF) et la Confédération générale des travailleurs (CGT) à appuyer le mouvement social qui s’est étendu à Citroën, à la Société nationale des chemins de fer (SNCF), aux banques, à la métallurgie… , la France est à nouveau plongée dans l’arrêt de travail de toute une branche d’activité.
Le mouvement a été décidé via une consultation organisée par la Fédération nationale des travailleurs du sous-sol (FNSS). Pour 48 heures d’abord avant de devenir illimité. Il est particulièrement bien suivi à Saint-Étienne, une ville de quelque 177 000 habitants où un quart de la population réunit des ouvriers du textile, de l’armurerie, de la métallurgie et de la mine. Un profond délabrement social touche la préfecture de la Loire. La population s’entasse dans des logements anciens, érigés parfois anarchiquement dans des ruelles étroites et sombres. Des milliers d’hommes mais aussi de femmes travaillent dans des conditions très difficiles à des tâches répétitives et harassantes. L’alcoolisme fait des ravages. Rien d’étonnant à ce que les revendications portées par la puissante CGT trouvent ici un vif écho…