Le 29 janvier 2000, René Girier, dit « René la Canne », le roi de l’évasion s’éclipse pour toujours !

Dans l’histoire du Milieu, c’est à un Lyonnais que revient le titre envié de « roi de l’évasion ». Il en totalisera en effet au moins 17 « homologuées » !

Il est né en novembre 1919, à Oullins, rue de la Sarrazine précisément. René Girier n’a pas une enfance heureuse, il fugue à 10 ans, vole 10 francs à 14 ans, ce qui contribue à une vocation précoce puisqu’il s’évade déjà… des centres d’éducation surveillée où il est placé.

Cet enfant déjà en marge va devenir un gangster appliqué. Bientôt arrêté, incarcéré à Fresnes où il fait une tentative de suicide, il accomplit ensuite son service militaire à Casablanca. Retour en France… et aux petits braquages. Sous l’occupation, il part pour le STO en Allemagne mais quand il revient à Paris il vole à tire-larigot, et il se fait une place dans le Milieu dominé à l’époque par des caïds tels que « Pierrot le Fou », Abel Danos dit « Le Mammouth » ou Emile Buisson.

René pille les coffres-forts, dévalise banques et bijouteries, à bord de Citroën noires 15 CV (le « gang des tractions avant »), cumule les gros coups : interception d’un train chargé d’or, hold-up de 65 millions de francs de bijoux à Deauville en 1949, tentative de rapt de Rita Hayworth (épouse d’Ali Khan) et main basse sur les économies d’Edouard Daladier (ex-président du Conseil).

« J’ai pas tué… »

« J’ai pas tué, j’ai jamais balancé personne et je n’ai volé que les riches ». Tel est le titre du reportage que lui consacre le magazine « Paris-Match » en septembre 1949.

A ce moment, René Girier a acquis la célébrité sous le nom de « René la Canne » (puisqu’un « accident du travail », une « balle perdue » prétendait-il, lui avait laissé quelques traces à une jambe)… Il a aussi la réputation d’un gentleman gangster, qui ne se mouille que dans les belles affaires, en opérant sans brutalité, avec une certaine élégance, que vient renforcer un physique assez séduisant. Cela confère à René Girier le titre de nouvel Arsène Lupin. Attribué un peu vite, puisqu’il finit par se faire pincer par la police. C’est là que vont commencer une série d’aventures qui contribueront à consolider sa renommée…

Le 3 septembre 1947, un certain Emile Buisson réussit à franchir le mur d’enceinte de l’asile psychiatrique de Villejuif. Le personnage est plus connu sous le surnom « d’ennemi public no 1 ». Avec Buisson, dans cette évasion, se trouve un autre « fou » – ou du moins les deux hommes se sont-ils fait passer pour fous pour pouvoir plus facilement s’évader : René Girier, notre « René la Canne », qui a de belles fréquentations au sein du Milieu. Revenu à l’air libre, il reprend évidemment ses « activités ».

Mais il est cueilli par la police au bout de quelques mois. L’occasion pour Girier de montrer tout son talent puisqu’il s’évade, en avril 1949, de la prison de Pont-l’Evêque, en compagnie de deux autres gangsters. « René la Canne » est malheureusement un homme très recherché puisqu’il est arrêté une nouvelle fois, le 2 septembre 1949, avec cette fois neuf membres de sa redoutable bande.

Couverture Almanach du père Benoit
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