Il en a connu des pe?ripe?ties tout au long de son histoire, notre almanach du Pe?re Benoît. Notamment au XXe sie?cle.
Le pe?re Benoît, son fondateur, avait depuis longtemps rendu son a?me a? Dieu, mais l’almanach poursuivait sa route vaillamment, s’adaptant chaque fois aux besoins de ses lecteurs, augmentant re?gulie?rement son audience et de?sormais re?dige? et e?dite? par des imprimeurs laîcs et probablement «pe?res» de famille qui conservent, aujourd’hui encore, cette signature de Pe?re Benoît.
Ainsi en 1905, l’anne?e du 70e anniversaire, l’almanach avait de?ja? double? son nombre de pages, 72 au lieu des 36 du de?but, affichait de?sormais son prix : 10 centimes (2 sous) sur la couverture et avait change? d’imprimeur puisqu’il e?tait e?dite? chez Bourgeon, 7 rue des Marronniers a? Lyon. Fide?le a? sa tradition, il revenait sur l’anne?e e?coule?e indiquant que 1904 avait e?te? une anne?e de se?cheresse entraînant la rarete? du fourrage, avec comme conse?quence, l’e?le?vation (aujourd’hui on dit : augmentation) du prix de la viande. De?ja? il soulignait : « ni le paysan, ni le citadin ne profitent de ces spe?culations dont tout le profit est pour les interme?diaires et les agioteurs »
Il e?voquait seulement en quelques mots, le grand bouleversement des rapports entre l’Eglise et la socie?te? civile : les lois de se?paration de l’Eglise et de l’Etat, en termes nuance?s : « par suite d’e?ve?nements malheureux et regrettables, les relations diplomatiques avec le Saint Sie?ge ont e?te? rompues », et avec un commentaire plus que prudent : « ces e?ve?nements sont encore trop re?cents pour les juger avec toute la clairvoyance ne?cessaire. Le temps apaisera les cole?res et les ressentiments ». Incontestablement, c’e?tait bien la?, non pas la plume d’un clerc qui se trouvait en premie?re ligne touche? de plein fouet par la de?cision du politique, mais celle d’un laîc qui sentait bien que quelque chose venait de se jouer, dont il ne saisissait toutefois ni l’importance, ni la dimension re?elle….
A? 70 ans, le Pe?re Benoît s’inte?resse a? l’actualite? internationale. Il pre?voit, avec justesse, la re?e?lection de The?odore Roosevelt a? la pre?sidence des Etats-Unis.
Il regarde aussi du co?te? du Japon et de la Russie, (on est en pleine guerre russo-japonaise) et publie un portrait : un dessin a? la plume, de l’empereur Moutsouhito du Japon.
Il e?voque la naissance de l’he?ritier du tro?ne de Russie, le tsare?vitch, Alexis Nikolaîevitch Romanov (ne? le 12 aou?t 1904) et lui pre?dit un grand avenir : « Il tiendra, un jour, entre ses mains les destine?es de millions et millions d’e?tres humains. Il sera, si Dieu lui pre?te vie, chef militaire et religieux… » La re?volution bolchevique en de?cidera autrement. Le 17 juillet 1918, les communistes qui ont pris le pouvoir font massacrer la famille impe?riale, y compris le tsare?vitch qui n’a pas encore 14 ans.
Plus visionnaire pour la vie agricole, le Pe?re Benoît consacre de?ja? a? l’e?poque cinq pages au syndicalisme agricole, ance?tre du Cre?dit agricole et de la Mutualite? sociale agricole.