Il fête, en cette année 1959, ses cent ans, puisqu’il est né, à Lyon, place de la Charité, le 12 décembre 1859, à l’initiative de monsieur Chanoine, maître-imprimeur. Il portait un nom qui reflétait tous les espoirs et les ambitions portés par ce siècle qui le voyait naître : « Le Progrès ».
Les circonstances ne se prêtent pourtant guère à l’épanouissement d’un quotidien, sous ce Second Empire où règnent en maître les ciseaux de la censure. De plus, des feuilles lyonnaises qui font figure de doyens, comme « Le Courrier de Lyon » ou « Le Salut Public », occupent la place. Handicap
supplémentaire, le nouveau venu affiche des idées « libérales » et il annonce plus ou moins la couleur dans son premier éditorial publié le 12 décembre 1859.
Mais, plus que son fondateur, qualifié de « légitimiste » par les autorités du moment, c’est surtout par ses rédacteurs que le journal se distingue sur le plan des « idées démocratiques ». « Le Progrès » est averti à deux reprises et suspendu deux fois. L’avènement de la IIIe République va modifier le contexte. Face à la concurrence, en particulier avec « Le Nouvelliste », fondé en 1879 par Joseph Rambaud avec un groupe de catholiques lyonnais, les développements sont nécessaires, qui entraînent la création de suppléments comme « Le Progrès illustré » en 1890 – et à un autre prix – le journal à 5
centimes en 1881.
Il est vrai que « Le Progrès » est passé sous la coupe de l’agent de change Léon Delaroche dont la famille va tenir longtemps les rênes du journal. Les efforts le conduisent en 1903 à un tirage de 100 000 exemplaires pour atteindre les 200 000 à la veille de la guerre de 14. Installé depuis 1894 rue de la République – une adresse emblématique, symbolisé par son « hall » très fréquenté – il devance en 1939 ses concurrents, comme « Le Lyon Républicain
», « Le Salut Public » et « Le Nouvelliste », totalisant les 300 000 exemplaires…