Et le dopage secoua le Tour de France en 78, 88 et ... 98 !

Évènement

C’est déjà un coup de tonnerre qui a ébranlé le Tour de France 1978 !

A l’arrivée de la seizième étape, à L’Alpe d’Huez, dans l’Isère, le Belge Michel Pollentier, qui a préalablement gagné cette année-là le Critérium du Dauphiné Libéré, s’empare du maillot jaune.

Sauf qu’au contrôle anti-dopage, l’inspecteur Renaldo Sacconi s’aperçoit que le champion – car c’en est un ! – dispose d’une poire d’«urine propre » – ce sont les termes consacrés… – sous le bras, dont le tuyau, qui court le long de la manche, sous le maillot, s’est… bouché au niveau du poignet !

Michel Pollentier est tout simplement exclu de la compétition, qui poursuit sa route.

« On l’a joué cocorico », maugrée François Cazeneuve, journaliste passionné de cyclisme. Pour lui, « il fallait que Bernard Hinault gagne le Tour ! ». Ni plus ni moins.

Longtemps directeur du Critérium du Dauphiné Libéré, son frère jumeau Thierry (à droite sur la photo) philosophe : « Il y a eu très longtemps une forme de journalisme qui pardonnait tout ! Le sport n’était pas un truc pris très au sérieux… »

Certes, Tom Simpson était mort le 13 juillet 1967 sur les pentes du Ventoux. « Ce n’était pas un Français, mais un Anglais… », résument, laconiques, les frères Cazeneuve.

Et Thierry de contextualiser : « Il ne faut pas oublier la grève des coureurs – Anquetil en tête – en 1966 contre les contrôles anti-doping, come on disait à l’époque… »

Déjà en 1955, « Mallejac avait été victime d’un mystérieux malaise, toujours sur les pentes du Ventoux », développe Thierry. Qui se souvient de la confession du patron du Tour de l’époque : « Au temps de Mallejac, je leur touchais à peine le genou, ils sautaient au plafond… »

Ce qui vient corroborer les déclarations de Pollentier : « Ma carrière de coureur cycliste n’est certainement pas plus entachée d’infractions contre le règlement anti-dopage que la plupart de celles de mes compatriotes belges ou étrangers. »

Thierry Cazeneuve se souvient : « Déjà en 1988, Delgado avait failli se faire virer du Tour à cause de Jacques Chancel. Ce dernier avait été poussé par Jacques Godet, qui n’était plus le patron opérationnel, et qui lui avait glissé à l’oreille « Fouillez donc un peu ! » Mais ils n’y sont pas arrivés… »

Sous couvert d’anonymat, un ancien employé de l’équipe RMO, montée par le Grenoblois Marc Braillon, témoigne : « De 1986 à 1990, j’ai connu les transfusions sanguines dans les chambres… »

Il en veut d’ailleurs pour preuves les confessions de l’Irlandais Paul Kimmage dans « A Rough Ride » (Stanley Paul & Co Ltd, 1990, 200 pages) : « On l’a obligé à se doper, et il raconte les pratiques de l’équipe RMO dans ce livre qui, curieusement, n’a jamais été traduit en français… »

Si, en 1998, on pouvait assez légitimement penser que la première victoire des footballeurs français lors d’une Coupe du monde allait (plus ou moins…) éclipser le Tour, c’était oublier que « Marie-George Buffet (la ministre des Sports communiste de Lionel Jospin, NDLR) avait reçu des demandes appuyées en faveur des sports désargentés comme l’athlétisme… », développe Thierry Cazeneuve.

Qui ne peut s’empêcher de se remémorer le conflit qui avait opposé le groupe de presse Amaury à la CGT en 1977. « Qui a balancé Willy Voet ? », lâche-t-il sobrement. Le soigneur fut contrôlé à la frontière trois jours avant le départ de la Grande Boucle avec quelque… 400 doses de produits dopants.

Or les Editions Philippe Amaury avaient racheté L’Equipe, et donc le Tour de France…

« J’étais aux affaires, on était sur un volcan », grince le journaliste sportif, qui s’efforce de conclure : « Le dopage était international ; c’est le cyclisme qui en a fait les frais… »

Etait ?…

Couverture Almanach du père Benoit
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