L’insuffisance cardiaque en chiffres, c’est 1,5 million de français concernés, 200 000 hospitalisations annuelles, 70 000 décès imputables et surtout plus de 500 000 personnes qui en souffriraient sans le savoir !
L’insuffisance cardiaque correspond à un ensemble de symptômes traduisant l’incapacité pour le cœur à assurer un débit sanguin adapté aux besoins de l’organisme, le privant ainsi d’une partie de l’oxygène dont il a besoin pour fonctionner. Cette défaillance peut être la conséquence d’une atteinte du muscle cardiaque lui-même, après un infarctus, ou de l’altération d’une valve. Elle peut également être liée à un surcroît de travail du cœur comme on l’observe dans l’hypertension artérielle non traitée.
Pour compenser la diminution des débits sanguins, vont se mettre en place progressivement une série de mécanismes de secours : dilatation des ventricules et augmentation du rythme cardiaque permettant ainsi un temps de conserver une « pompe cardiaque » affaiblie, mais efficace si on ne lui en demande pas trop…
Essoufflement et jambes enflées
L‘essoufflement est souvent le premier signe d’alerte de l’insuffisance cardiaque : d’abord à l’effort, puis au repos, il oblige le patient à réduire son activité, et la nuit, à dormir en position semi-assise. Les jambes deviennent lourdes et gonflent, en fin de journée, puis de façon permanente (œdèmes).
Puis le foie va au fil des mois « s’engorger » et devenir gros (Hépaomégalie) tandis que les reins vont ralentir leur production d’urine. En fait c’est tout l’organisme qui va s’économiser et se mettre au ralenti…
L’ensemble de ces symptômes s’accompagne d’une fatigue importante, tant pour marcher que pour monter les escaliers ; porter des charges même légères, devient mission impossible. Une prise de poids de 2 à 3 kg et plus témoigne de la rétention d’eau.
Des traitements efficaces
Si l’on ne guérit pas une insuffisance cardiaque on peut en réduire considérablement, par un traitement adapté, ses désagréments et ses complications.
Plusieurs protocoles thérapeutiques existent, établis selon les
résultats d’un bilan aujourd’hui bien codifié et comprenant :
- un examen sanguin complet avec dosage spécifique d’un biomarqueur, le BNP, permettant d’authentifier et de mesurer la souffrance du myocarde ;
- une échographie cardiaque afin d’évaluer les constantes anatomiques du cœur ainsi que sa fonctionnalité ;
- une IRM et une scintigraphie pour encore plus de précisions physiologiques.
Première étape du traitement le repos, indispensable pour réduire le travail du cœur, il doit être en phase initiale relativement absolu ; par la suite les efforts doivent être dosés et adaptés selon leur tolérance.
Deuxième constante du traitement, la restriction en sel, primordiale pour la réduction des œdèmes, du poids, donc de l’essoufflement : pas plus de 5 grammes de sel par jour soit une cuiller à café environ.
Au plan médicamenteux plusieurs familles thérapeutiques peuvent être associées en fonction du profil du patient :
- les vasodilatateurs (IEC) en diminuant les pressions des vaisseaux vont soulager le travail des ventricules ;
- les diurétiques en favorisant l’élimination urinaire de l’eau vont réduire les œdèmes ;
- les tonicardiaques (digitaline, bétabloquants) en augmentant la force contractile du myocarde vont augmenter la puissance du cœur.
Ainsi traité et surveillé régulièrement, l’insuffisant cardiaque pourra dans la grande majorité des cas mener une « vie normale » en n’oubliant jamais que ce sera toujours à lui de s’adapter à son cœur et non pas l’inverse, comme lorsqu’il était plus jeune !