Jusque-là, l’environnement de Lyon demeurait très médiéval, en ce sens que les grands seigneurs y jouaient un rôle de premier plan, même s’il se trouvait déjà contesté. La famille de Forez – dont le comté tire son nom de la ville de Feurs – contrôle le Beaujolais voisin depuis au moins le IXe siècle, mais ses États vont finalement rejoindre le Bourbonnais au XIVe, même s’ils ne seront formellement réunis à la France qu’en 1531.
Ce Forez constitue le troisième ensemble, avec le Dauphiné et la Savoie, à se situer en quelque sorte aux portes de la ville. Notons que, depuis 1173, les comtes de Forez portent également le titre de comtes de Lyon tout en n’y exerçant plus guère leur autorité. Il vaut également la peine de remarquer que les armes de la famille sont constituées du dauphin des seigneurs du Viennois, également porté par les comtes d’Auvergne à la suite d’un mariage, le nom dauphin étant à l’origine un prénom. Or, tout comme la Savoie, le Dauphiné s’étend au nord et à l’ouest de sa configuration actuelle, c’est-à-dire sur ce qui correspond aujourd’hui à la plus grande partie des pays d’Ain. La Savoie, elle, se sera toujours montrée très intéressée par la Bresse, porte d’entrée vers les foires de Champagne.
On ne peut donc s’étonner que la famille de Forez entretienne de très bons rapports avec le Dauphiné. Jean Ier (1278-1333) a épousé Alix (1277-1309), la fille d’Humbert Ier (1282-1306), de la nouvelle race, celle des La Tour du Pin. Malgré de nombreuses alliances matrimoniales avec la maison de Savoie, cette dernière demeure l’adversaire primordial. Leurs possessions se trouvent en effet enchevêtrées. De son côté, la famille de Forez contrôle des territoires dans les départements actuels de l’Ardèche et de la Haute-Loire, jusqu’aux environs du Puy. Le comte de Savoie, lui, s’est établi sur de nombreux points aux portes de Lyon – et même dans les actuels 3e, 7e et 8e arrondissements –, à Heyrieux, à Vénissieux, à Feyzin, à Villeurbanne, à Vaulx-en-Velin, à Jonage, à Décines, à Rillieux-la-Pape et dans une partie de Caluire jusqu’à la Croix-Rousse. En revanche, les terres du seigneur de Beaujeu, allié aux comtes de Forez, descendent le long de la Saône, par la Dombes et la Bresse, jusqu’à Meximieux.
Les appétits des uns et des autres se heurtent. Le 7 août 1325, Savoie et Beaujeu sont défaits par les armées dauphinoises à Varey-en-Bugey (aujourd’hui partie de Saint-Jean-le-Vieux) les récits de ce temps racontent que « l’ost de Savoye fut bellement desconfit ». Le comte de Forez, Jean Ier, oncle du jeune Guigues VIII de Viennois (1309-1333) et beau-frère du régent Henri (1296-1328), ancien évêque de Metz, obtient des conditions pas trop désavantageuses pour son cousin Beaujeu. Finalement celui-ci reçoit, à proximité de Lyon, Vancia, tandis que, juste à côté, Montluel et l’étang des Échets vont au dauphin et que le comte de Savoie gagne Jonage, encore plus proche de Lyon. Le comte de Forez, quant à lui, se reconnaît vassal du dauphin.